Saint-Emilion

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L’appellation Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand Cru

35, comme le nombre de kilomètres à l’est de Bordeaux. C’est à cet endroit précis que se niche un village, mondialement connu, grâce à ses appellations mythiques.

Vous l’avez deviné ? Il s’agit bien sûr de Saint-Emilion.

L’AOC Saint-Emilion, située dans la région du Libournais à proximité de la Dordogne est réputée pour donner des vins rouges d’exception.

Un vin qui fût appelé par Louis XIV « le nectar des dieux ».

Depuis décembre 1999, la Juridiction de Saint-Émilion est inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, au titre de « paysage culturel ».

La consécration d’un terroir d’exception.

Mais quelles sont les singularités de ce dernier ? Pourquoi ses appellations sont-elles associées à des vins qualifiés d’une si grande renommée ?

Découvrons sans plus tarder, une histoire associée à la vigne qui mêle tradition et innovation.

Un terroir au savoir-faire millénaire

Son fondateur, l’ermite Saint-Emilion fit d’une grotte de la forêt de Cumbis où il résida, le lieu de naissance du village de Saint-Emilion. L’église monolithe abrite sa tombe.

Saint-Emilion est considérée comme la plus vieille cité viticole de France. En effet, la viticulture y est présente depuis les Romains. C’est au Moyen Âge que sont défrichées des parcelles de la forêt de Cumbis pour la transformer en vignobles en 1152, lors du mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec le roi Henri II.

En 1884, les viticulteurs de Saint-Emilion créent le second syndicat viticole français après celui de Lalande-de-Pomerol, destiné d’une part à lutter contre les difficultés rencontrées, notamment lors des maladies tel le phylloxéra, et d’autre part à mettre à valoriser davantage leur terroir.

En 1890, un second syndicat regroupant pas moins de sept communes de l’ancienne juridiction de Saint-Emilion voit le jour et revendique également le droit à communiquer sur l’appellation.

Après maintes querelles de clocher, ce n’est qu’en 1914, que les deux syndicats décident de fusionner et utilisent l’ensemble de l’appellation Saint-Emilion pour l’ensemble de ces communes.

Une appellation reconnue depuis 1936 et faisant l’objet d’un cahier des charges précis en matière de vinification.

Les vins de l’appellation Saint-Emilion Grand Cru se distinguent de ceux de l’AOP Saint-Émilion, notamment par des conditions plus strictes de production et une plus longue maturation du raisin.

Les vins de l’appellation Saint-Emilion vont connaître une vinification et un élevage essentiellement en cuves, alors que les Grands Crus seront élevés en fûts de chêne.

Les vins font l’objet d’un élevage qui doit durer au moins jusqu’au 31 mars de l’année qui suit celle de la récolte et les cépages secondaires ne doivent pas dépasser 10% de l'assemblage du vin.

En 1948, un contrôle qualité donne lieu à un nouveau classement.

En 1952, il est réglementé avec l'INAO (l'Institut National de l'Origine et de la Qualité) et il sera définitivement ratifié en 1955. Il est révisé tous les 10 ans, ce qui est une garantie supplémentaire de la qualité exceptionnelle des vins de Saint-Emilion.

En 1984, l’appellation se sépare en deux Appellations d’Origine Contrôlées : le Saint-Emilion Grand Crus Classés et le Saint-Emilion.

A l’heure actuelle le Classement des Grands Crus de Saint-Emilion a été révisé 6 fois depuis sa création : 1959-1969-1986-1996-2006-2012. 

Le dernier classement a été dévoilé le 8 septembre dernier par l'INAO, non sans polémiques.

Ce classement distingue trois catégories : Grand Cru Classé (Château Faugères, Château La Confession, Clos de l’Oratoire etc..), premier Grand Cru Classé B (Château Beau-Séjour Bécot, Château Canon-la-Gaffelière, Troplong-Mondot etc…) ainsi que les premiers Grand Cru Classé A (Château Figeac et Château Pavie).

Un classement sujet à de nombreuses polémiques et délaissé par certains grands domaines de Saint-Emilion, tels les Châteaux Ausone, Angélus, Cheval-Blanc et autres…

Une variété géologique associée à un microclimat

Aujourd’hui, les AOC Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand Cru ( y compris ceux classés et ceux classés A et B) s’étendent sur 5 400 hectares représentés par huit communes : Saint-Emilion, Saint-Etienne-de-Lisse, Saint-Hippolyte, Saint-Laurent-des-Combes, Saint-Pey-d'Armens, Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Sulpice-de-Faleyrens, Vignonet et une partie de Libourne.

Autour, quatre AOC gravitent : Lussac Saint-Emilion, Montagne Saint-Emilion, Puisseguin Saint-Emilion, Saint-Georges Saint-Emilion.

L’appellation Saint-Emilion occupe un plateau découpé par des vallons, définissant quatre types de terrains : des sols argilo-limoneux, des sols plus argileux, des sols calcaires et des sols composés d’alluvions de graves et de sables.

Le plateau de Saint-Emilion culminant à 100 m de hauteur est calcaire et il s’étend sur une partie des communes de Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Hippolyte et Saint-Etienne-de-Lisse.

Les côtes sont argilo-calcaires et elles entourent le plateau de Saint-Emilion.

La plaine sablo-graveleuse couvre le sud de la zone d’appellation vers la vallée de la Dordogne.

La terrasse de graves silico-argileuse s’étend vers les communes de Libourne et de Pomerol.

Une variété des sols qui fait la singularité des appellations et explique en partie, la grande richesse du terroir.

C’est un fait établi, Saint-Emilion bénéficie aussi d’un microclimat de nature océanique et tempéré. Les écarts de températures y sont modérés. Les précipitations bien réparties sur l’année offrent d’excellentes conditions pour la culture de la vigne.

Une histoire ancestrale et une nature généreuse ont façonné des vins qui contribuent à la renommée de notre pays, en la matière.

Des vins d'exception

En 2020, l’appellation Saint-Emilion a produit 45.000 hl de vin, uniquement des rouges.

L’encépagement est largement dominé par le merlot notamment sur la rive droite de la Dordogne (produit dans la plupart des terroirs bordelais, où il représente plus de 65 % de la surface plantée), complété par du Cabernet Franc (il ajoute la finesse de ses tanins), du Cabernet Sauvignon (le cépage le plus répandu au monde) et de façon anecdotique, du Malbec, Petit Verdot et Carménère.

Des vins caractéristiques en général par leur rondeur, leur structure et leur complexité aromatique, selon leur terroir d'origine.

Rubis dans leur jeune âge, les saint-émilion évoluent vers une couleur grenat soutenue après quelques années de garde.

Des arômes frais et fruités (groseille, fraise sauvage) marquent les Saint-Emilion issus de millésimes bien mûrs. Le bouquet se développe en une multitude de nuances liées à l'évolution : fleurs, cacao, fumée, cuir, grillé se marient aux fruits initiaux.

En bouche, les vins de Saint-Emilion sont assez robustes, très tanniques dans leur jeune âge, ils s'assouplissent au fils du temps laissant entrevoir des saveurs de sous-bois et de truffe, et ce, avec un potentiel de garde qui s’étend de 5 à 15 ans, voire plus…

Certains millésimes de Saint-Emilion se détachent et laissent transparaître des vins d'exception. Ce fût le cas en 1982, 1990, 2005 et 2009. 

Si la question de l’accord met et vins de l’appellation vous taraude, voici quelques recommandations : les vins de Saint-Emilion s'accordent délicieusement avec toutes les viandes, telles la selle d’agneau provençale ou une belle volaille ainsi que les fromages (pavé d'Auge ou Saint-Félicien).

Si le savoir-faire du terroir n’est plus à démontrer et témoigne d’un respect de la tradition, celui-ci n’est pas sans connaître les innovations en lien avec des sujets sociétaux prégnants pour les consommateurs. Ainsi, Saint-Emilion devient une appellation engagée et de plus en plus vertueuse grâce à nombre de vignerons qui se convertissent au Bio.