Tremblement de terre !
En 2007, la revue américaine Wine Spectator proclamait un vin Français, meilleur vin rouge du monde. Bordeaux ou Bourgogne ? Pas du tout, puisqu’il s’agissait d’un vin de l’appellation Châteauneuf-du-Pape et plus précisément d’un Clos des Papes 2005. Un millésime exceptionnel !
Une appellation qui est le fleuron du patrimoine viticole de la vallée du Rhône méridionale, réputée autant pour ses blancs que pour ses rouges.
Un vignoble dont la renommée est mondiale, couvrant 3.145 hectares de vignes, auxquels contribuent de grands domaines, tels que ceux du Vieux Télégraphe, de Marcoux, Charvin, Saint Préfert, et autres Châteaux de Beaucastel où la Nerthe.
Un terroir d’exception qui se marie aussi à de belles histoires de famille (Perrin, Avril…), depuis plusieurs générations.
Découvrons sans plus tarder, les caractéristiques de cette AOC si emblématique de la vallée du Rhône et dont un quart est (déjà) en agriculture biologique ou en conversion.
Une cité Papale
Commençons par un peu d’histoire au caractère bien instructif !
En effet, après la chute de l’Empire Romain, c’est l’Eglise qui, pour son propre compte, va assurer l’essor des vins de la vallée du Rhône.
L’arrivée des Papes en Avignon en 1309, sous Clément V, va assurer la reconnaissance dans le monde chrétien des vins issus de Châteauneuf-du-Pape. Son successeur, le Pape Jean XXII fit construire à Châteauneuf une forteresse et y développa le vignoble dont la dénomination fût celle de "Vin du Pape" et synonyme immédiatement d’un commerce international florissant.
Ce n’est qu’en 1893, que le village médiéval prend son nom actuel, marquant ainsi le lieu de villégiature des Papes.
Un terroir béni par le Mistral
Le vignoble s'étend dans la région du Rhône méridional, sur la quasi-totalité de la commune de Châteauneuf-du-Pape et sur quatre communes voisines (Bédarrides, Courthézon, Orange et Sorgues).
Le microclimat méditerranéen marqué par une faible pluviométrie, y est le plus chaud des Côtes-du-Rhône et apporte à la vigne un ensoleillement remarquable (200 jours de soleil par an dont 120 jours de vent violent).
Les terres sont majoritairement cultivées sur des sols caillouteux, composés de nombreux galets roulés mêlés à de l’argile rouge, qui absorbent la chaleur le jour et la restituent à la vigne la nuit, lui conférant ainsi un haut degré de maturité.
Une appellation avant-gardiste
Longtemps dénommé vin d’Avignon, il fallut attendre le XIXe siècle et l’action du baron Le Roy de Boiseaumarié, pour qu’il reçoive son appellation définitive. C’est d’ailleurs sous l’impulsion de ce vigneron local, que fut créé le syndicat des vignerons de Châteauneuf-du-Pape
Cette appellation permet à la région de se doter dès 1923, d’une réglementation drastique et inédite dont s’inspireront en 1936, d’autres appellations contrôlées.
Les vignerons de Châteauneuf-du-Pape sont donc à l'origine du système de l’AOC et ils ont été parmi les premiers à s'imposer des règles de production strictes, telles que les vendanges à la main, un rendement fixé à 35hl/ha, des règles particulières pour la taille suivant les cépages et l’âge des vignes…
Une appellation qui une année après la création officielle de l’AOC, a su également innover et singulariser son image de marque, puisqu’en 1937, elle instaura une bouteille portant les armoiries de la ville et reconnaissable entre mille ! Il s’agit d’une tiare papale placée au-dessus des clés de Saint-Pierre.
Une image de marque est née.
Un assemblage unique
La production avoisine aujourd’hui les 110 000 hl vinifiés et commercialisés à 93 % par les propriétaires récoltants. 7 % seulement sont des vins blancs, tandis que nul vin rosé n’est produit.
S’il est impossible de réduire Châteauneuf-du-Pape à un style unique, la caractéristique commune à ce breuvage est d’être particulièrement complexe, dense, puissant et équilibré.
L’utilisation de nombreux cépages, 13 en tout, leur confère une grande richesse aromatique.
8 cépages rouges (Grenache noir, Syrah, Mourvèdre, Cinsault, Counoise, Muscardin, Vaccarèse et Terret) et 5 cépages blancs (Roussanne, Clairette, Bourboulenc, Picpoul et Picardan) sont autorisés par le décret de l'AOC Châteauneuf du Pape.
Si, en théorie, tous peuvent contribuer à l’assemblage des vins rouges de l’appellation, nombre de domaines n’en utilisent en réalité que quelques-uns par cuvée, voire seulement un, à savoir le Grenache noir.
Ce dernier, au caractère capiteux, reste dominant pour les rouges, associé principalement au mourvèdre qui apporte une couleur profonde et très sombre, une structure tannique ainsi qu’à la Syrah, cépage emblématique de la vallée du Rhône septentrionale.
Ces nectars sont très amples en bouche et développent un nez puissant aux notes de fruits mûrs, de truffe et de sous-bois.
L’éventail des cépages blancs est plus restreint dominé par la Clairette, le Picpoul, la Roussanne et le Bourboulenc.
Les vins blancs, à la robe dorée, sont très riches et aromatiques, aux notes de fruits et de fleurs, qui évoluent dans le temps, vers des nuances de miel.
Les vins de l’appellation Châteauneuf-du-Pape font sans nul doute partie des plus grands crus français, gagnent forcément à être appréciés après quelques années de garde.
Voici quelques millésimes exceptionnels : 1945, 1961, 1978, 1985, 1998, 2000, 2001, 2005…
Dès lors, à quels mets les associer, lors d’un repas inoubliable ? Les idées de recette ne manquent pas. Citons par exemple : le steak au poivre, le civet de lièvre, le gigot d’agneau, le risotto aux champignons, le saumon grillé, la brandade de morue… sans oublier les tommes de chèvre et de brebis. De quoi ravir toutes les papilles.
Désormais, il ne vous reste plus qu’à découvrir, chez V comme Vin, l’ensemble de nos flacons estampillés de cette appellation mythique.